Duchamp fait photographier sa Fontaine par son ami Alfred Stiegltiz, une figure de l’avant-garde new-yorkaise, pour en garder une trace. Les années suivantes, il imaginera quelques autres ready-mades : un porte-bouteille, un peigne, un portemanteau … En novembre 1915, il prend une pelle à neige, et l’attache par un fil au plafond de son studio new-yorkais : ce sera En prévision d’un bras cassé. Si on ne compte qu’une dizaine seulement de ready-mades au total, ils sont cependant tous été reproduits plusieurs fois. Souvent, comme pour la pelle, c’est parce que l’original a disparu. On en connaît quatre répliques alors que pour la Fontaine, on en compte près d’une trentaine ! Certaines ont été réalisées pour des expositions, d’autres commandées par des galeries, comme la galerie Schwartz à Milan 1964. Toutes sont signées de la main de l’artiste. Pour Duchamp, la notion d’œuvre unique n’a plus de sens. Il ne fait plus la distinction entre œuvre originale et reproduction, même si elles ne sont pas directement de lui. A ses yeux, elles sont toutes la même valeur artistique : logique puisque c’est l’intention de l’artiste qui fait l’œuvre d’art. Qu’elle soit unique ou multiple, peu importe, tant que leur créateur les considère avec la même valeur. Voilà un nouveau code brisé.